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Petit à petit, il prend forme.








Je fuyais, fuyais, fuyais, loin, très loin. Courant droit devant moi, fuyant l'onde de folie qui me pourchassait lentement, de son allure presque macabre et sempiternelle. L'onde de peur qui tentait sans arrêt de m'agripper de ses tenailles longues comme des dents de scie, froides et impénétrables.
Au grand jamais je n'aurais cru que je serais un jour capable de m'extirper ainsi de ma propre souffrance intérieure, de me libérer de ce bourreau, de ce bourreau qui me semblait inviolable, invincible, extérieur à moi. Mais ce bourreau, c'était moi, j'étais mon propre bourreau, la propre exécutrice de mes basses œuvres teintées d'agitation.
La raison éclaire un sentier, qui fait s'illuminer de milles feux dans ma tête un semblant de feu de joie, absent désormais de ce quelque chose qui faisait que je restais cloîtrée dans ma muraille.
Ma vue est embrouillée, des larmes coulent sur mon visage, m'inondant de leur douce chaleur salée. Ce ne sont plus des larmes de mal, mais de bien. Des larmes de joie.
Puis, peu à peu, les contours commencent à se préciser, les formes se font plus distinctes, plus réelles. La route est immense, d'une infinie continuité. Se succèdent les panneaux d'autoroute, les arbres des forêts avoisinantes. La pluie coule à torrents, embrumant le ciel d'une couleur sombre et voilée d'indifférence. J'entends le tintement des gouttes d'eau qui claque sur le pare-brise. Comme moi, la terre absout elle-même ses propres démons, nettoyant d'une main violente ce qui la ronge en-dedans. Je ne sais même pas où je vais, mais j'y vais, déchargée d'un lest qui n'était que bien trop enfoui, bien trop caché. Je me sens légère, euphorique, comme si c'était la toute première fois que je vivais enfin, que je savais enfin. Je sais. Avec peut-être toujours cette lucidité camouflée par des pensées délirantes et absurdes. Paranoïaques mêmes, douteuses, sales, désespérées ; je sais que je suis vraie, que je cours à nouveau comme le lapin blanc, mais que je ne coure plus en vain.
Mon coeur cogne dans ma poitrine, d'une saccade forte et rapide, me prouvant que je suis bel et bien vivante. Mon esprit me crie « fuis, fuis, avant qu'il ne soit trop tard. »
Fuir avant d'avoir envie de reculer, de retourner en arrière, de retourner sur mes pas, pour finalement affronter une nouvelle succession d'échecs délibérés.
A l'instant même, j'échappe à celle que j'étais avant, j'échappe à celle qui me détruisait la gueule, j'échappe à ceux qui me détruisaient aussi la gueule à coups de marteaux sans le savoir.
Je m'extirpe de mon ancienne enveloppe pour mieux ressurgir…
Suis-je folle ? Ai-je raison ? La folie n'est-elle que le doux refuge de ceux qui ont refusé de croire au but absurde de leur existence semblable à celle de milliers d'autres êtres-humains ?
La raison est-elle entièrement fondée, est-elle vraiment l'apanage de ceux qui pensent avoir toujours le dernier mot, de ceux qui détiennent la vérité ?


08/09/2014
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